Si le caractère cruel de la corrida n’est pas nié mais
qu’il bénéficie d’une tolérance dans un ensemble démographique de Bordeaux à
Fréjus et de la garrigue à la mer selon la dernière jurisprudence[1],
qu’en est-il des autres tauromachies ?
On peut classer ces spectacles taurins en trois
grandes catégories : les courses landaises et camarguaises, les lâchers de
taureaux et les marquages d’animaux. Ces deux dernières pratiques sont tout
aussi bien le fait du monde de la bouvine que de celui du milieu taurin (en particulier
en Espagne et dans les pays d’Amérique du Sud en ce qui concernent les lâchers
de taureaux.)
► Les courses landaises et camarguaises. Ces
courses se font dans des arènes. Pour
les premières, cela consiste à faire des sauts plus ou moins périlleux au-dessus
d’une vachette. Pour les secondes, de tenter d’enlever à l’aide de crochets
(razet) des attributs (pompon) fixés entre les cornes du taureau.
Quelquefois, le razet
blesse l’animal, (œil crevé par exemple). Il peut aussi se cogner contre les
barrières en bois de l’arène quand il charge les razeteurs.
A noter qu’à la fin
des spectacles qu’il soit landais ou camarguais, les taureaux ne sont pas mis à
mort.
►Les lâchers de taureaux : Il s’agit de lâcher des taureaux dans la rue, encadré
souvent par des cavaliers. Ils peuvent prendre différente appellation comme
abrivado, bandido.
Mais des attrapaïres (souvent des jeunes du village)
« s’amusent » à stopper le taureau dans sa course et bien souvent
avec des gestes violents pour l’animal déjà bien stressé par tout ce qui lui
arrive.
Après, les animaux sont reconduits dans les camions où ils
peuvent y passer des heures en plein soleil et sans eaux dans l’indifférence
général des fêtards.
Dans certaines régions ibériques, on rajoute à
l’angoisse et à l’horreur en induisant d’une matière inflammable les cornes des
taureaux que l’on enflamme, transformant l’animal affolé en torche vivante.
C’est le Toro de Fuego. Enfin, nous avons à Tordesillas, le Toro de la Vega,
les villageois poursuivent qui à pied qui à cheval, un taureau qu’ils
transpercent de leurs lances acérés.
►Les stérilisations et les marquages : Presque tous les taureaux utilisés dans ces courses
sont soumis au "bistournage", consistant à les rendre stériles en brisant, sans
anesthésie, les canaux spermatiques par torsion au moyen d'une pince.
Tous les bovins camarguais et tous les chevaux de gardians
sont marqués au fer rouge.
Le jour de ce marquage au feu, on découpe sans
anesthésie les oreilles des veaux et des génisses pour leur donner une
forme spécifique à chaque éleveur. C'est "l'escoussure".
Cette double opération de marquage, érigée en
spectacle, donne lieu à une fête vendue à des
touristes, à des comités d’entreprise ou à des centres sociaux sous le
nom de "ferrade". Les amateurs qui paient pour voir de jeunes
animaux traqués, jetés au sol, brutalisés, brûlés et mutilés peuvent-ils avoir
d'autres motifs que le sadisme ?
[1]
Importée en France par Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III,
vers 1850, constituant une infraction à la toute jeune loi Grammont, la corrida
bénéficia d’une réelle reconnaissance vers 1920 quand elle fut taxée (suite à
une campagne de la SPA) et en 1951 quand un alinéa dans l’article 521-1 toléra
« les courses de taureaux quand une tradition locale ininterrompue peut
être invoquée. » Pourtant les taurins ne se contentèrent pas de cette
loi plutôt en leur faveur mais n’eurent
cesse de proposer des corridas ailleurs. Alors, dans les années 90/2000,
des procès à répétition s’ensuivirent,
procès majoritairement perdus par les
opposants à cette barbarie. Ainsi, contre toute attente, les juges ont vidé la
loi de son sens et des corridas sont tolérées en des lieux ne bénéficiant pour
certaines d’aucune tradition, pour d’autres d’une interruption de plus d’un
demi-siècle et l’expression « local » signifie aux yeux de ces juges,
une grande partie du Sud de la France.
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